LE CRABE
J’avais 25 ans, ou peut être 26.
Je ne portais pas encore de casquette.
C’était le printemps, je m’ennuyais.
Je suis allé au marché, rue des Moines, dans le 17ème, métro Brochant.
A l’étalage d’un poissonnier, j’ai vu un énorme crabe, un tourteau, et il me regardait de ses
yeux tristes.
Je l’ai acheté.
Je l’ai déposé sur le siège avant de ma voiture.
Je l’ai emballé de chiffons humides au niveau des pinces, pour qu’il ne bouge pas.
Et puis, nous sommes partis en direction de Deauville.
Pendant le trajet, je lui ai mis un air de blues.
Il faisait beau.
En arrivant à Deauville, où je comptais le relâcher dans la mer, j’ai vu tous ces magasins de
crabes et de coquillages et j’ai pensé que si je le relâchais là, un de ces marchands allait s’en
emparer. Mon plan allait échouer et ma B.A. tomber à l’eau, donc j’ai continué à rouler vers
Honfleur.
Là, discrètement, je l’ai remis dans la mer et il est parti vers son destin de crabe.
Je n’ai jamais su ce qui lui était arrivé ensuite.
Quand je repense à lui, dans ma tête, je l’appelle Lulu.
Ce jour là, ma vie a eu un sens, j’ai fait quelque chose d’utile, j’ai relâché un crabe.
Quand j’y pense, ça me fait du bien.
And another by her - La Nuit
LA NUIT
La nuit tous mes chats sont noirs
Ils me miaulent dans la tête
Ils ont des yeux d’élèves
Qui me demandent tous à la fois
S’il faut sauter une ligne
Et si ça compte pour le premier trimestre
La nuit mes enfants sont encore blonds
Ils rient dans ma tête
Et je pleure le temps passé
La nuit mes parents sont jeunes
Ils reposent dans ma tête
Avec de la Lorraine, de l’enfance et du soleil
Je me lève la nuit
Je dévisse ma tête
Et j’en fait tout un plat
Pour mes repas de la semaine
La nuit, le monde est sombre
C’est la poubelle du jour
La nuit est un méchant royaume
Peuplé d’idées mauvaises
La nuit, je l’aime quand je la fête
Et surtout quand je la dors
Thérèse Will
12 12 2008
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